"Le nageur de Bizerte" : beaucoup d'attentes, mais une certaine déception.


 Il commençait pourtant bien, ce roman : ce nageur qui traverse la baie pour tenter de battre un record et devant lequel surgit inopinément, comme une falaise, un navire de guerre qui vient de jeter l'ancre sans être annoncé. 

En plus, je n'avais jamais lu aucun livre de Didier Decoin. Je le connaissais bien sûr de réputation. Le contraire eût été impossible : prix Goncourt en 1977, président de l'Académie Goncourt depuis 2020 et régnant depuis cette année-là sur la destinée du prestigieux prix Goncourt.  Impossible d'ignorer le nom de cet écrivain par ailleurs très médiatisé.

Le roman que j'avais hâte de découvrir commençait d'autant mieux que, dès les premières pages, j'appréciais beaucoup le style de l'auteur : une écriture assez travaillée, un rien précieuse, recherchée. Bref, comme j'aime. 

Mais hélas, cela a moins bien continué ! Pourtant, cet épisode peu connu du grand public de l'histoire de Bizerte, avait tout pour inspirer un grand roman : l'originalité du sujet, l'extraordinaire de la situation, les personnages hors du commun... Et pourtant malgré les qualités de l'écriture de l'auteur, c'est plutôt raté à mon avis.

D'abord, l'intrigue principale est assez inconsistante -une vague historiette amoureuse entre deux personnages- et a peiné à m'émouvoir.

Ensuite, et surtout c'est là à mon sens le plus gros défaut du roman, l'auteur a échoué à intégrer de façon romanesque les données historiques sur lesquelles se fonde son récit. Il a pourtant étudié le contexte historique en détail. Mais sans doute n'est-il pas parvenu à s'en distancier suffisamment. Car, nous assistons durant des paragraphes entiers à un cours d'histoire, un peu barbant, au lieu de suivre des aventures exaltantes...

N'ayant jamais lu auparavant de livre écrit par Didier Decoin, je ne sais pas s'il avait avant celui-ci écrit des romans historiques. Mais il commet ici la même erreur que les débutants qui se lancent dans ce genre littéraire. Et se heurte à la principale difficulté qu'on rencontre alors : intégrer de façon littéraire, ludique et quasi-imperceptible pour le lecteur, les précisions historiques indispensables. 

Peut-être l'auteur a-t-il accumulé de façon didactique les faits historiques par crainte du regard que les historiens pourraient porter sur son oeuvre. Car c'est vrai qu'aujourd'hui ceux-ci sont souvent sévères avec les travaux romanesques empiétant sur leur domaine. Si c'est le cas, c'est vraiment dommage pour les lecteurs de ce roman. 

Au surplus, j'ai relevé pas mal d'invraisemblances. En particulier les connaissances de la littérature russe que l'auteur prête à ce jeune porte-faix tunisien... Rien de crédible car il est vraisemblablement quasiment illettré.

Et pour terminer, je n'ai absolument pas aimé la fin du roman : en queue de poisson, c'est le cas de le dire. 

Mais, bien qu'assez déçue par ce roman, je ne saurais pourtant absolument vous le déconseiller. Déjà il est agréable de goûter le style de l'auteur. Ensuite et aussi de découvrir cet épisode de l'histoire de l'émigration des Russes blancs. Enfin pour la bibliographie sur le sujet que l'auteur a pris la peine d'inclure à la fin du livre. 

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